Chère petite comète, (on a du souvent te la faire)
Il fait beau, le soleil brille, les enfants vont bien; ça va mercredi, ça va jeudi, ça va vendredi !
C’est moi, David Noir.
Ton adorable article pincé, mon petit critique malmené, ne me semble pas très adroit. J’en suis bien triste. Merci quand même pour tes deux pages mais tu aurais mieux fait de nous ignorer pour ne pas trahir ton trouble; c’eut été plus habile. Moi, tu vois, tu me troubles; je suis heureux de le reconnaître, sans ça je ne t’écrirais pas. Nous avons donc sûrement des accointances cachées, mais je n’irai pas voir lesquelles. Je ne vais néanmoins pas vraiment te répondre, ma petite boule de feu, car ton écriture sent trop le bon élève à son petit magazizine. Tu es quand même un gentil pitre de la plume et tu auras un bon point de ta rédaction. Comme je te le dis, mon chéri douillet, je ne vais pas reprendre tes arguments attendus. Non, je ne vais t’apprendre ni à lire, ni à écrire, ni à entendre, ni à voir. Adresse-toi à tes sensations intimes pour ça. Ma réponse aux petits canailloux délicats de ton espèce est déjà contenue en amont dans mon spectacle, et c’est bien pour ça que tu plonges avidement dans ta logorrhée véhémente. Je veux juste te signifier au passage, que je ne suis pas ton cher David, ni quoi que ce soit pour toi et que si l’envie te prend de t’adresser à moi sur ce ton une nouvelle fois, nous viendrons tous te voir à ton petit journal pour te faire tout plein de gros bisous. Tu sais, comme tout artiste égocentrique, je n’aime pas que l’on me fasse des critiques trop négatives parce que ça me fait tout triste après. C’est gentil par contre de me supposer intelligent, mais je le sais déjà et ça ne m’empêche pas de penser que tu ne l’es pas trop trop, toi. Moi, je n’aime pas te dire des méchancetés, alors j’arrête. Mais quand même, je trouve dommage que la beauté honteuse du touche-pipi qui a certainement fait aussi vaciller la candeur de ton enfance, t’échappe à ce point. C’est peut-être normal; nombre d’entre nous opte pour l’aveuglement à cette période difficile de la vie – trop peur sans doute. Je pense effectivement que tu banderas mieux en terrain reconnu, chez Genet, Koltès ou Pasolini, dont tu me sembles être un authentique découvreur. Un dernier mot encore, ma petite fouine; j’aimerais bien que ce courrier que je t’adresse soit publié sur ton petit site internet, face à ton gros pétard fumant qui doit encore faire des gros Boum Boum dans ta petite tête ; et ce, sans y changer un mot, merci.
Encore un mot (je suis impardonnable); c’est bien rigolo de constater que tu prends bien soin d’ignorer la forme de mon travail, un peu trop élaborée pour que tu la discernes c’est vrai (je suis impardonnable), mais que tu t’attelles férocement au fond ou ce qui te sembles l’être ; et qu’effectivement tout un chacun connait par coeur: le cul, le désir, la douleur, etc… Masturbe donc toi bien dans tes grands auteurs, et tente un enfilage rectal de La Recherche du Temps Perdu, tu m’en diras des nouvelles. Abstiens-toi, si tu veux mon avis, de traiter les membres du groupe de “petites copines”; l’homophobie a mauvaise presse ces derniers temps. Merci au passage pour Sonia dont je n’aperçois pas la chatte dans ta « guirlande de testicules ». La malheureuse t’a manifestement moins accroché. Je ne sais si elle s’en remettra. Tu es donc un vrai, un dur, un pur Puritain comme on les aime; de ceux qui revendiquent le « Toujours plus puissant », l’Original, le Génie, la Trique, la Vie à pleins poumons, et la Queue monumentale. Bref. un amoureux du fantasme sous toutes ses formes, malheureux du banal de la vraie vie, honteux de sa petite tache d’urine au fond de sa culotte, pour qui l’Art a nécessité de rendre l’humain « plus grand » qu’il n’est.
Malheureusement, tu ne vois rien, que ce qu’on t’a appris à voir; tu ne connais que la façade de ce joli théâtre qui t’attire et tu passes a côté de ton intimité fangeuse et délicate que tu méprises. Va donc grand homme ! Va bander comme tu rêves, petit coeur. Le théâtre que j’aime est bien le magnifique tout-à-l’égout que tu décris et les petits canards tout blancs dont tu es, sont bien en peine de tremper leurs plumes dans ses eaux saumâtres. Salut donc, brillante absence, bon vent, et fais toi une jolie queue en pensant à moi ; ça fera peut-être scintiller celle de ta courte comète.
DN.