LA DOUBLE VERTU DE LA PRATIQUE DU THÉÂTRE, OUTIL DE LA CONNAISSANCE DE SOI ET INSTRUMENT D’APAISEMENT VIS À VIS DE LA CRAINTE DE « L’AUTRE »
J’enseigne le théâtre et plus globalement l’art de la scène, de façon régulière depuis 1998.
Ma pratique m’a amené, au contact de groupes variés et d’individualités forcément spécifiques, à, non pas appliquer un schéma identique à tous, mais à constamment inventer des exercices, mettre sur pied des méthodes et des approches adaptées à chaque contexte particulier.
En substance, je pourrais dire aujourd’hui que j’ai découvert au cours de mes années de pratique pédagogique combien les êtres humains, quels que soient leur origine, leur culture et leur parcours, ont accès à l’expression des humeurs et des sentiments qui caractérisent notre espèce. Tout les individus peuvent exprimer leurs identités multiples de façon puissante et authentique à travers le théâtre, pour peu qu’ils soient correctement guidés hors des clichés et de la tentation de la « fabrication » de sentiments factices.
Jouer, c’est toujours jouer vrai, y compris pour incarner les personnages pouvant sembler les plus éloignés du réel. Tout l’intérêt de la représentation est là : donner vie aux parts les plus fantasques, aux aspects les plus étranges de la réalité qui constituent notre psychisme et suscitent les actions qui en découlent.
Faire du théâtre c’est donc tout simplement « être » sous le regard de l’autre, à travers un habile mélange de spontanéité, de technique d’expression, d’énergie vitale et d’adresse sincère à ses contemporains.
Tout ce bagage, naturellement s’apprend, se pratique et s’éprouve comme n’importe quel « sport » de l’esprit et du corps. Les outils de bases pour y parvenir sont l’improvisation, le travail sur texte, la mise en jeu du corps et des émotions, tout au long d’un cheminement de développement individuel dont la durée varie selon les personnes.
Représenter et se représenter est une aptitude typiquement humaine qui traverse tous les arts, mais également la vie quotidienne, chacun le sait. Si l’on accepte alors d’être amené à atténuer ses résistances, à se reconnaître dans le portrait de soi qui finit toujours par se révéler à ses propres yeux, la fascination accompagne toujours la découverte des masques que la vie sociale nous impose de porter.
Dès lors, les mécanismes animaux qui nous animent ont à nouveau droit de cité et l’amusement sous sa forme la plus fine et enfantine rejaillit.
L’intelligence humaine n’est jamais aussi brillante que lorsqu’elle jouit des fruits qu’elle produit en pleine conscience de ses capacités. Humour et créativité sont alors indissociables. Ils font atteindre au sublime et à la joie d’être vivant, une fois le caractère vain de toute existence bien assimilé. L’humilité acquise par la douceur et non l’humiliation, apparaît clairement comme une des clefs de la paix entre les êtres. Ainsi forgée, elle vient à bout du verrouillage des coeurs et dégrippe la serrure de l’intérêt pour la fameuse « différence » de l’autre. La très en vogue « tolérance », devient également plus qu’un vain mot, en se trouvant soudainement confrontée à l’évidente équivalence de tous les êtres humains entre eux.
Le théâtre, comme tous les arts, révèle à celui ou celle qui le pratique, combien la vie est digne d’intérêt, à commencer par la sienne. Bien mieux qu’un rêve de réussite souvent illusoire, sa fréquentation intime rend identifiables et concrètes ses propres potentialités d’existence, puisque sur l’espace d’une scène, tout existe, tout est admis, tout est possible. En ce sens, menée avec soin et attention, l’expérience de la scène est vectrice d’une meilleure estime de soi quels que soient l’âge et l’ambition. Elle peut devenir, dans la main de celui ou celle qui souhaite en comprendre les qualités subtiles, plus qu’une simple distraction ou qu’un baume aux douleurs de notre monde, une arme pacifique pour l’appréhender et le rendre meilleur.
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