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Mécénat – Production
Si vous êtes intéressé par un investissement dans la production, le mécénat, ou par un échange promotionnel, contactez nous par email. Nous mettrons sur pied ensemble la teneur des projets à venir à pour lesquels nous pourrions nous associer.
Pourquoi une telle page ?
Une compagnie est une forme allégée de parti politique sans pour autant prendre la politique pour sujet ; mais n’est-elle pas partout ?
Une compagnie est également et surtout une embarcation dont un directeur artistique donne le cap en développant une pensée à travers un style et une esthétique censée brasser du sens, des images et des idées. Normalement, une compagnie de théâtre a un propos et parfois même une utilité sociale, en proposant des modèles de vie commune, en s’interrogeant sur le relationnel. Pour être suffisamment indépendante et avoir les coudées franches, elle a besoin, comme toute structure sociale et politique, de l’aide et du soutien de ses sympathisants.
Il ne s’agit pas ici de quémander, ni d’appeler à l’aide, mais d’exprimer que, comme toute association, une part de notre budget peut-être grandement étayée par vos dons. Outre de pouvoir constituer une aide au fonctionnement indéniable (achats de matériel, parts de production), l’argent ainsi donné est autant d’économisé par ailleurs et permet d’en concentrer d’avantage sur la recherche et la création à proprement parlée, en octroyant du temps à celle-ci ; ce dont elle a infiniment besoin. S’il est coutumier de dire que « le temps, c’est de l’argent », il est non moins vrai d’affirmer que l’argent, c’est du temps et un temps, encore une fois, particulièrement précieux pour qu’une pensée artistique s’élabore et se concrétise en étant préservée le mieux possible.
Le spectacle vivant, même s’il demeure immédiatement accessible à travers la réalisation de « maquettes » présentables sous forme de « work in progress », n’en demeure pas moins le lieu d’importantes dépenses dés la production entamée, au moindre accessoire acheté et bien évidemment, en terme de salaires, aussi modestes soient-ils.
Nous avons bien conscience que nombre de spectateurs ressentent avoir légitimement acquitté leur participation par le simple coût d’un billet d’entrée. C’est une chose vraie ; il n’y a pas à revenir là-dessus. Mais ils ont, et c’est légitime, plus rarement la conscience du prix de reviens de ce à quoi ils assistent. Bien sûr, ça ne les concerne en rien et personne ne nous oblige, nous, performers, acteurs, metteurs en scène, créateurs scéniques … à faire ce que nous faisons, si « l’affaire » ne s’avère pas rentable. Et je serais, moi-même, le premier à être assez d’accord, dans l’absolu, avec cette conception. Mais hors absolu, c’est-à-dire dans le réel, il se trouve que certains, certaines parmi vous, trouvent du bénéfice à ce que nous produisons. Ils y reviennent ; y pensent ; parfois y réagissent, cogitent, et finalement en retirent des éléments qui vont – certes la plus part du temps sûrement de façon minime ou diffuse – influencer leur vie. C’est là la meilleure destinée que l’on puisse souhaiter à nos projets. Eh bien – pardonnez-moi de parler comme l’entrepreneur que je suis et veux être – au risque de paraître mercantile ou vénal, je prétends que ce que je viens de décrire a un prix et que ce prix excède les, quinze, dix, huit, parfois moins (!) euros que vous aurez dépensés pour nous voir et nous entendre. En un sens, il est bien que cela soit ainsi, car la valeur de l’impact de l’œuvre sur son spectateur, est impossible à quantifier. Il va de soi que son évaluation sur une échelle, est entièrement à la discrétion de celui ou celle qui remporte en lui ou en elle, le sentiment, la pensée, les images, les mots, les sons et les corps ; ainsi que l’agencement de tout cela que l’on appelle une mise en scène. Il n’en reste pas moins que cela « vaut » quelque chose en termes de coût et que la valeur de ce quelque chose va au-delà des quelques sous du prix acquitté pour une place. Il faut rappeler que cette composition, pour en arriver à produire ses effets, a été conçue, réfléchie et produite, et qu’elle ne peut décemment pas être réduite au simple instant de sa représentation, en termes de valeur. Sinon, pourquoi ne payerions nous pas notre place dans le public à un simple tarif horaire, fonction de la durée de la représentation ? Mais c’est peut-être d’ailleurs en effet ce qui se passe et semble malheureusement depuis longtemps pris pour acquis.
Personnellement, il me semble pourtant que quelque chose a été oublié en route pour en arriver à cette somme que représente le billet d’entrée. Particulièrement dans le cas du spectacle vivant, qui ne bénéficie d’aucun support sérieux en amont, dont la vente pourrait financer, même indirectement ou de façon promotionnelle, la scène, comme ce fut le cas pour la musique à travers le disque. Il ne s’agit pas non plus d’un film dont la reproductibilité ultérieure systématique sur dvd ou en vente de passages télé est maintenant instituée. Rien de comparable non plus évidemment, avec un tableau ou un objet plastique que l’artiste, s’il trouve acquéreur, peut échanger contre des sommes parfois confortables ; en tous cas, davantage évaluées au prorata de son temps de travail et de son parcours.
Non, il s’agit justement de « vivant » ; de non reproductible en l’état ; ce qui donne à la scène sa force et sa faiblesse. Mais il semblerait irréalisable, voire choquant de taxer le spectateur à la hauteur du prix réel de ce à quoi il veut assister. Il n’y viendrait plus. Car malgré sa prétendue vocation populaire, le théâtre est une prestation de luxe et devrait logiquement coûter le prix d’une œuvre d’art ou au moins d’une production artisanale haut de gamme. Seulement, devoir payer 200 euros sa place, pour assister à la création d’un artiste peu connu, serait obligatoirement ressenti par le spectateur comme une injustice, une disproportion insensée ; peut-être même une insulte. Alors que, sans être aucunement collectionneur, le même individu mettra plus volontiers cette même somme dans un bibelot ou un petit format décoratif d’un photographe, tout aussi inconnu que notre créateur scénique. Le spectacle auquel il aura assisté, pour peu qu’il le satisfasse un peu, sera d’avantage considéré par lui, comme la bière qu’il consommera dans un bar du quartier, un peu plus tard dans la soirée. Il l’assimilera à ce dont il a l’air : une ou deux heures de temps passé assis dans une salle ; rien de plus tangible. Rien qu’il puisse potentiellement revendre à l’image de son tirage photo ou son objet artisanal qui finira probablement un jour au rebut, quand il aura changé d’appartement et n’y aura plus le même attachement.
Nous ne prétendons pas à plus, mais pourtant, héritons de bien moins de considération en tant que support à la mémoire onirique, en tant que générateur de souvenirs. Il est vrai que bien des productions sont aussi rapidement oubliées qu’elles ont été longues à ingurgiter. Mais, pas plus que l’objet acheté à telle occasion, on ne peut garantir la durée de l’émotion du souvenir, ni sa rentabilité dans le temps. C’est un risque à prendre lors de toute acquisition. Et même si on se refuse à le reconnaître ainsi, c’est du moins un investissement véritable que de louer sa place pour aller au spectacle. Certains d’entre eux prétendent à plus, que de distraire une heure de votre temps. Y parviennent-ils ? C’est une autre question. Toujours est-il qu’il est fallacieux de croire qu’une prestation d’une heure équivaut à cette heure écoulée ou au billet que vous avez en main.
Les conditions courantes des petites compagnies, l’amateur de sorties, un peu aguerri, les connaît aussi bien que les compagnies elles-mêmes : exiguïté des lieux de spectacles, dont le nombre de sièges ne peut fatalement pas contrebalancer le coût de la production – absence quasi-totale de promotion ou de retransmissions sonores ou télévisuelles, doublée du peu d’intérêt des lecteurs pour l’écrit destiné à la scène. Ce qui peut là aussi se comprendre, puisque ce qui fut jadis une pièce, doit être – dans une acceptation contemporaine à mon sens – considéré comme une partition. Et quels sont ceux qui lisent par plaisir les partitions aujourd’hui, hormis les techniciens qui les utilisent, comme c’est le cas pour les instrumentistes en musique et chez nous, les acteurs, les praticiens amateurs et les metteurs en scène ?
Nous nous retrouvons donc malheureusement bien souvent “entre nous”, principaux consommateurs de ce que nous produisons. Il y a là un questionnement que la création à faible budget doit avoir à propos de son autarcie : s’y confiner complètement et y développer un système de fonctionnement durable, en prenant comme première mesure de bannir systématiquement les invitations, véritables plaies qui génèrent un manque à gagner complaisamment accepté de part et d’autre ou bien s’ouvrir dynamiquement et pour cela faire appel, tel un pays en voie de développement, à la générosité publique afin d’aider à bâtir une situation d’avenir pour nos modes de production et leurs produits.
Il est important de comprendre que jusqu’au dernier moment d’avant la représentation, nous n’auront fabriqué, modelé et conçu que du matériau. À la différence qu’il n’est pas un produit vendable, ni consommable en l’état. C’est une substance riche en devenir et qui n’est rien hors sa représentation, mais qui aura coûté des dizaines d’heures de concentration, de répétitions, d’écriture, de rêveries, de résolution de problèmes techniques et conceptuels, dont un bien faible pourcentage sera rétribué, si ce n’est bien souvent, aucun.
Je ne mentionnerais pas le prix exorbitant des locations que des théâtres en forme de boîte d’allumettes pratiquent sous l’intitulé abusif de « minimum garanti », que ce soit à Paris ou en Avignon. Sans compter non plus le prix des espaces d’affichages depuis qu’il n’en existe plus de « sauvages », qui, si on les utilisaient de nos jours, nous feraient encourir l’amende ou la prison, à moins d’être affilié à l’organe d’un parti politique musclé.
Il reste quand même le formidable pactole des fameuses subventions, me direz vous. Ne sont-elles pas là pour ça ? Je répondrais bien évidemment qu’elles ne sont pas là pour tout le monde. J’entends par là, non que chaque créateur ne puisse y prétendre, mais que leur système d’attribution n’est volontairement pas conçu pour tout type d’artiste. Pas conçu pour les artistes trop isolés qui répugnent à communiquer outrancièrement. Pas conçu pour ceux et celles qui ont nécessité de passer leur temps à travailler sur leur création, plutôt que de le dissoudre dans un relationnel indispensable à développer pour atteindre un tel but. Pas conçu non plus pour ceux, dont je suis encore d’avantage, qui ne peuvent s’adapter à la logique des administrations réclamant que l’on s’explique sur ce que l’on n’a pas encore créé.
S’en suivent du même coup, forcément échafaudées par nécessité pécuniaire, les constructions bien faibles en teneur, auxquelles ont assiste relativement souvent et dont les créateurs ont comme mérite premier d’avoir su élaborer un bon dossier. Restent comme heureux bénéficiaires de la manne publique, les valeurs sûres, sur lesquels les mises peuvent être risquées sans broncher du fait de l’assurance si ce n’est de leur succès, du moins du bruit de notoriété qui accompagne leurs auteurs.
Il est assurément temps pour certains d’entre nous, d’éclairer réalistement leur situation et d’en déduire lucidement les conséquences logiques, s’ils souhaitent un développement sérieux à venir.
Les vœux pieux du bon Jean Vilar et de son théâtre « tout pris en charge » par papa, n’ont pas été prononcés pour nous, quoiqu’on veuille nous faire croire et par ailleurs, visent largement selon moi, au handicape des artistes.
Le public intéressé par la question a son rôle à jouer, en s’éveillant, au-delà de se gaver de culture subventionnée à prix discount. Les industriels intéressés par le mécénat ne devraient pas non plus être en reste ou uniquement en quête de partenariat prestigieux. Il est d’autres valeurs progressistes à prendre en compte, auxquelles s’allier et sur lesquels ils doivent se risquer, comme par exemple, la pertinence ou la singularité d’une posture artistique. C’est, tout comme à propos de notre nourriture, là aussi une question de santé publique. Cessons de nous vivre comme les saltimbanques que nous ne sommes pas, même si l’image séduit toujours nos contemporains. Cela passera. Il n’y a plus de princes à flatter pour qu’ils nous donnent protection. Il n’y a qu’un état qui nous entrave par son omnipotence et la complexité des démarches qu’il impose pour le satisfaire, véritable noyade annoncée de l’esprit créatif.
Bien sûr, nous connaissons tous des exceptions à l’écoute de nos préoccupations parmi les responsables de structures institutionnelles. Et si grâce à leurs conseils, nous arrivons parfois à décrocher une aide, ce n’est que par une suite d’heureux hasards guidés par les rencontres et les affinités de passage. Cela n’abouti que dans de très rares cas au système pérenne et rentable qui nous serait nécessaire pour maintenir une dynamique créatrice alerte et indépendante. De plus, le discours culturel officiel tend à dénigrer ou diaboliser le statut privé, comme s’il aboutissait systématiquement à la mise sur pied de « boulevards » médiocres. Un peu plus d’encouragement au libéralisme ne seraient pas la mort de l’art, mais un contact plus direct entre celui-ci et la population ; contact que l’étatisation des productions contemporaines tend à déliter de plus en plus par un fossé d’incompréhension vis-à-vis des œuvres. Pareillement à ses co-disciplines, cinéma indépendant ou musique alternative, le spectacle vivant de création est une entreprise. Il n’est ni un manifeste pédagogique national, ni une petite bouchée de distraction en forme d’amuse-gueule, élaborée par désoeuvrement. Une création, c’est une équipée risquée, accaparante et bouleversante tant pour ses auteurs que pour son public ; une invention de terres intellectuelles et sensibles encore vierges, offertes à l’évolution du champs de la pensée humaine. Cette offre réclame des moyens à la hauteur de son ambition.
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